Au cœur du cœur

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Le chakra du cœur est considéré dans le Yoga comme un centre d’énergie très important où l’on dit souvent que le vrai Soi y réside. Cette importance du cœur est confirmée par les traditions anciennes ainsi que des nouveaux domaines de recherche. Tous s’accordent à dire que le cœur n’est pas seulement un organe vital, mais qu’il influence les émotions, la créativité et notre connexion à nous-mêmes et aux autres.

Je le sens dans mon cœur, mon cœur est plein d’amour, mon cœur est brisé, toutes ces expressions relient nos états émotionnels au cœur.

Pour les anciens Égyptiens, le cœur est le centre de la pensée, de l’émotion et de toutes les autres fonctions nerveuses. Il était laissé dans le corps au moment de la momification. Selon Laura M Zucconi auteur de « Médecine et Religion dans l’Egypte ancienne », le cœur était considéré comme capable d’enregistrer tous les actes bons et mauvais accomplis par un être humain au cours de sa vie. L’âme d’une personne était située dans le cœur et pendant le Jugement des morts, le cœur était pesé contre la Plume de Maat. Les anciens Égyptiens avaient même deux mots pour le cœur, IB et HATY, IB était généralement identifié à la conscience, à l’organe des pensées et des sens, tandis que le HATY désignait plus souvent le cœur physique.

Aristote, entre autres, affirme que le cœur est l’organe le plus important du corps et qu’il est le siège de l’âme.

Toutes ces croyances anciennes se voient confirmés par des recherches récentes montrant l’importance du cœur pour la santé, la régulation des émotions et au-delà. Explorons quelques-uns de ces faits passionnants.

Le cœur comme glande endocrine

Dans le Yoga, lorsque nous parlons de la région de la poitrine et du chakra du cœur, la glande généralement mentionnée est le thymus qui est en effet une glande très importante notamment pour l’immunité. Ce que l’on sait généralement moins, c’est que le cœur est aussi une glande.

La glande cardiaque est située dans la partie droite du cœur, dans une zone appelée l’oreillette, d’où le nom donné à son hormone :  facteur natriurétique auriculaire. Anatomiquement, cette glande est placée juste au milieu de la poitrine, entre les seins.

Elle baigne dans le liquide péricardique et est reliée au nerf vague. L’hormone produite joue un rôle important dans l’équilibre hydrique et électrolytique et aide à réguler les vaisseaux sanguins, les reins, les glandes surrénales et de nombreux centres dans le cerveau.

La recherche montre que cette hormone inhibe la libération des hormones du stress, réduit l’activité sympathique et interagit avec le système immunitaire.

Le cœur contient des cellules qui libèrent des catécholamines (noradrénaline, épinéphrine et dopamine), dont on pensait autrefois qu’elles n’étaient produites que par le cerveau.

Plus récemment, on a découvert que le cœur produit également de l’ocytocine, l’hormone de la lactation et des câlins. Les concentrations d’ocytocine produites dans le cœur sont équivalentes à celles produites dans le cerveau. Cette ocytocine peut avoir des fonctions régulatrices importantes, y compris ralentir le rythme cardiaque ou réguler le tonus vasculaire.

L’intelligence du cœur

Un grand nombre de personnes transplantées expriment des changements dans leurs goûts et préférences, dans leur écriture et évoquent parfois des souvenirs qui ne sont pas les leurs. Cela signifie-t-il que le cœur possède sa propre intelligence comme beaucoup le croient ?

Le Dr Armour, en 1991, a découvert que le cœur a son « petit cerveau » composé d’environs 40 000 neurones. Même s’il y en  a beaucoup moins que dans le cerveau ou le ventre, cela montre quand même que le cœur a son propre système nerveux.

Ce réseau neuronal permet au cœur d’agir de manière indépendante pour apprendre, se souvenir, prendre des décisions et ressentir.  Dans des conditions normales, il joue un rôle important dans la régulation de la fonction cardiaque et communique constamment avec le cerveau. Cela pourrait expliquer l’intelligence du cœur que beaucoup ressentent et perçoivent dans la vie quotidienne.

Cœur, cerveau et nerf vague

Notre cœur est directement relié à notre cerveau. Les échanges fonctionnent dans les deux sens. 
Les voies efférentes (descendantes) du système nerveux autonome sont impliquées dans la régulation du cœur. Cependant, la majorité des fibres du nerf vague sont ascendantes et sont liées au cœur plus qu’à tout autre organe.  
Le cœur envoie plus de signaux au cerveau que le cerveau n’en envoie au cœur.  

Des chercheurs du Hearthmath Institute ont montré que les signaux neuronaux voyageant du cœur au cerveau inhibent les fonctions cognitives supérieures pendant les périodes de stress et d’émotions négatives, lorsque le rythme cardiaque est erratique et désordonné. Un rythme cardiaque stable et calme a l’effet contraire, il facilite la fonction cognitive et renforce les sentiments positifs et la stabilité émotionnelle.  

Les battements de cœur ne sont pas simplement un rythme mécanique, mais un langage intelligent auquel tout notre corps répond. L’intelligence du cœur se révèle, en mode optimal, être dans un état défini comme la cohérence cardiaque, qui est mesurée en surveillant la variabilité de la fréquence cardiaque.

La variabilité de la fréquence cardiaque est une mesure des changements de battement à battement Bien que le cœur soit relativement stable, les temps entre deux battements cardiaques peuvent être très différents.  Une variabilité élevée de la fréquence cardiaque est corrélée à un bon tonus du nerf vague qui permet d’équilibrer les systèmes sympathiques et parasympathiques. Une VFC élevée et rythmée reflète un bon état de santé physique et émotionnelle tandis qu’une diminution de la VFC est associée à une augmentation de la morbidité et à des déséquilibres émotionnels.

Les émotions génèrent différents modèles de fréquence cardiaque.  En général, le stress émotionnel donne lieu à des schémas de rythme cardiaque irréguliers et erratiques.  Les scientifiques appellent cela un modèle de rythme cardiaque incohérent.  La cohérence cardiaque est marquée par le développement d’un motif harmonieux, semblable à une onde sinusoïdale. Elle est associée à un état en même temps calme, énergique et actif. Cet état est différent de l’état de relaxation et est optimal pour une activité et des interactions équilibrées.  La fameuse méthode de cohérence cardiaque est une technique de respiration très simple pour atteindre cet état. Elle est résumée par le chiffre 365 pour : trois fois par jour, six respirations par minute, cinq temps d’inspiration et cinq temps d’expiration.

L’incroyable champ électromagnétique du cœur

Les recherches du Heartmath Institute montrent que le cœur est la source d’énergie électromagnétique la plus puissante du corps humain, 60 à 1000 fois plus grande en amplitude que l’activité électrique générée par le cerveau. Ce champ, mesuré sous la forme d’un électrocardiogramme (ECG), peut être détecté n’importe où à la surface du corps et jusqu’à une certaine distance.

Ce tore énergétique nous relie au monde et est influencé par nos émotions. Il est en expansion lorsque nous ressentons des émotions positives et atteignons la cohérence cardiaque et il rétrécit lorsque nous ressentons des émotions négatives et que le rythme cardiaque est erratique.  

Des études révèlent que les informations codées dans le champ électromagnétique du cœur peuvent être transmises sans contact entre une personne et une autre.

Toutes ces découvertes montrent l’importance des diverses techniques d’autorégulation proposées notamment par le Yoga. Elles montrent aussi que nos émotions, notre conscience et notre état interne pulsent et résonnent collectivement à travers l’univers, générant un champ global, et que la clé de ce rayonnement se situe en grande partie dans notre cœur. Si de plus en plus de personnes rayonnent un champ magnétique intense et harmonieux, cela profitera aux autres et changera probablement l’état planétaire global. Il s’agit d’un grand espoir, d’un grand rêve ou au moins d’une intention que nous pouvons placer dans nos pratiques de Yoga et notamment les postures, les respirations, les « méditations » et les mudra qui guérissent et ouvrent nos cœurs.

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